La France dans l'attente d'un Messie
Chronique politique du vendredi matin des Matins Luxe sur Luxe Radio
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Une enquête Ipsos sur les nouvelles fractures françaises, révèle que neuf français sur dix estiment que « l’on a besoin d’un vrai chef en France pour remettre de l’ordre. »
Le ministre français, Michel Sapin, quand à lui, déclare « la France, un Etat totalement en faillite ! »
Avec une dette à 91% du PIB fin 2013,
- 21,3 milliards de déficit des régimes de retraite en 2017,
- 73 milliards d’euros de déficits du commerce extérieur en 2011,
- 56,3% du PIB de dépenses publiques en 2012,
- 4.917.500 chômeurs fin 2012.
on peut se poser la question.
La France a de graves problèmes, mais surement pas celui d’une quelconque faillite, tout au moins au jour d’aujourd’hui. Comment ne pas réclamer d’avantage d’ordre lorsque les priorités du pouvoir en place ne répondent pas aux problèmes posés.
L’impossibilité de se projeter dans l’avenir accroit le sentiment d’insécurité. Sais-t-on où on va ? Se demande le citoyen lambda. L’absence de résultats ruine toute perspective de remise en ordre. Ce n’est plus d’un chef que le pays a besoin, mais d’un Messie, d’un sauveur providentiel auquel on est prêt à tout confier, y compris les clefs de la démocratie.
Toutes les institutions françaises, européennes et internationales, sans exception, supplient la France de remettre de toute urgence de l’ordre dans ses finances publiques. A partir du mois de novembre, les caisses de l’Etat français seront vides, et les fonctionnaires payés à crédit. La dette dépassera les 1900 milliards d’euros à l’horizon décembre de cette année. Certes, la France n’est pas en faillite, mais elle prend l’eau de toutes parts. Le pouvoir en place ne semble pas prendre la mesure de cette dure réalité, pas plus que ne l’avait fait le pouvoir précédent.
Les gouvernants actuels manquent de cette vision lucide de l’action politique qui consiste à expliquer clairement les mutations en cours pour mieux délimiter la réalité du pouvoir. Ce n’est ni le Mali, ni les droits revendiqués par la communauté homosexuelle, ni les changements des rythmes scolaires qui préoccupent les français. C’est la crainte de la précarité qui les obsède, le risque de venir grossir les rangs des nouveaux pauvres qui les terrorise.
Un sondage réalisé en décembre dernier pour la Macif par l’institut CSA a montré que 75% des Français pensent qu’eux-mêmes ou l’un de leurs proches pourrait se retrouver du jour au lendemain en situation de précarité. Ce niveau d’inquiétude et d’angoisse n’a jamais caractérisé les français réputés plutôt insouciants et frondeurs. Le risque d’une montée du populisme est réel, ainsi qu’un ras-le-bol de la France qui travaille, paie ses impôts et qu’on n’écoute plus. Aujourd’hui c’est un peuple résigné qui appelle de tous ces vœux l’émergence d’un vrai chef et le sondage de l’Ipsos interpelle,
La France est-elle mûre pour une dictature ?
La dictature s’exprime de différentes façons. Le général De Gaulle a été un dictateur dans son genre. Il disait s’adresser au peuple pardessus les partis politiques déconsidérés. Pour lui l’ONU était un « machin » et la Chambre des députés un »cirque ». Le parti gaulliste était un rassemblement autour de sa personne. Il ne fit preuve de démocratie que lorsqu’il quitta le pouvoir à la suite d’un référendum, dans le respect de la volonté du peuple de France qui s’était exprimé.
Un chef, un messie, un de Gaulle, on ne n’en voit pas poindre dans le paysage politique actuel de la France.