La religion est-elle à la portée de tous ?
Chronique politique du vendredi matin des Matins Luxe sur Luxe Radio
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Comment ne pas parler du drame de Boston ? Comment ne pas parler d’un pays blessé et d’un peuple traumatisé ? Comment ne pas parler de tous ces jeunes et moins jeunes, venus de tous les horizons communier dans le sport, la fraternité des hommes. Comment ne pas parler de ces marathoniens, chrétiens, juifs, musulmans, agnostiques, venus parfois de très loin, pour rencontrer la mort et la désolation. Oui, comment ne pas parler de cette catastrophe et ne pas essayer de comprendre.
C’était deux jeunes que rien ne distinguait des autres si ce n’est leur origine tchétchène. Mais dans ce melting-pot qu’est l’Amérique, est-ce vraiment important ? Le plus jeune, dix neuf ans, voue une admiration à son grand frère, 26 ans, rien de surprenant, plutôt d’une banalité des plus courantes.La grande question est de comprendre qu’est-ce qui a bien pu arriver pour faire de ces deux jeunes gens des horribles criminels, des terroristes ?
L’ainé, malgré son mariage, restait mal adapté à la vie américaine. Ayant grandi au cœur de la tragédie des guerres tchétchènes, il ne se retrouvait pas dans la vie policée du Massachusetts. Sa biographie indique une nette évolution vers l’islamisme radical entre 2010 et 2012. C’est là que commence sa descente aux enfers, en route vers la radicalisation, en route vers l’endoctrinement, apparemment sans Gourou ni Imam, simplement par internet.Les dérives de la domination religieuse pendant des siècles ont conduit les sociétés laïques occidentales à prendre des mesures contre l’endoctrinement. Ce dernier devient condamnable lorsque la raison cède la place à la soumission et lorsque se trouve disparu tout esprit critique chez celui qui le subit. Les jeunes qui se sentent de nulle part, reliés à aucun pays, ni le pays de leurs ancêtres, ni le pays où ils vivent, sont des proies faciles pour l’extrémisme de tout bord.
Le discours radical propose un espace de substitution en inversant les sentiments. Victime d’un véritable lavage de cerveau, le jeune utilise alors la
religion non pour se retrouver parmi les autres, mais au contraire pour s’auto-exclure ou exclure les autres. La réalité est que la radicalité n’a pas grande chose à voir avec la religion. Les dérives radicales, les discours annihilant la raison et appelant à la violence, ont toujours existés dans les religions. Le Judaïsme a eu ses sadducéens, le christianisme ses inquisiteurs et aujourd’hui l’Islam ses djihadistes.
Les « inspirés » de ce détournement de la religion sont souvent des déracinés qui se retrouve chez eux, dans le rejet des autres et s’octroient le pouvoir de condamner et sévir. La plupart, comme leur manipulateur, sont en réalité ignares en matière de religion, et la théologie est pour eux un monde inconnu. Si la religion n’est pas la motivation de leur engagement, du moins elle leur sert de légitimation. Pour revenir au drame de Boston, ces jeunes tchétchènes, comme leurs voisins, Ingouches, Kabardes et d’autres, ont grandi sur le terrain de la guerre, la corruption, la pauvreté et le non-droit. Ces générations sacrifiées, sont pour beaucoup de réseaux islamo-mafieux, des recrues toutes désignées.
Des Imams dévoyés instrumentalisent la religion et la détourne au profit d’un soi-disant fondamentalisme. On est devant un phénomène de grande ampleur, qui mêle la frustration des déracinés en quête d’identité, à des justifications religieuses irrationnelles et incontrôlables. Devant les drames qui se multiplient, devant ces pseudos rabbins, curés et imams qui attaquent les fondements même de notre humanité, on est en droit de se demander si la Religion est à la portée de tout le monde. La religion, peut-elle être mise entre toutes les mains ?