Les dessous de l'élection présidentielle américaine
Chronique politique hebdomadaire du vendredi
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Dans 7 mois, le 8 novembre 2016 les Américains désigneront le successeur de Barak Obama. Dès juillet prochain, on connaitra, qui de Hillary Clinton et Berni Sanders, pour les Démocrates, et qui de Donald Trump et Ted Cruz, pour les Républicains, auront la lourde charge de défendre les couleurs de leur parti.
Chez les Démocrates, Hillary Clinton a déjà réuni 1267 délégués, contre 1037 pour Berni Sanders. Mais son avance est en fait bien plus importante, car parmi ceux qui se sont déjà prononcés, l’immense majorité des 538 super-délégués (500), qui voteront à la convention de juillet, l’ont déjà choisie.
Chez les Républicains, Donald Trump mène toujours largement devant Ted Cruz, 751 délégués contre 454. Mais le tonitruant milliardaire est loin d’être assuré d’obtenir la majorité absolue (1237 délégués) d’ici la fin des primaires. Les responsables du parti Républicain sont vent debout contre sa candidature.
Le dernier faux-pas de Trump risque de lui couter chère. Il vient d’affirmer son opposition à l’avortement, allant jusqu’à estimer qu’il fallait punir les femmes qui y ont recours. Devant le tollé suscité par ses propos, Donald Trump a, chose rare, rétropédalé : il a déclaré dans un communiquer qu’il faudrait sévir contre la personne réalisant l’avortement, la femme étant une victime. Hillary Clinton a immédiatement réagit : « Vous ne pouvez pas laisser quelqu’un avec un tel dédain des droits des femmes s’approcher de la Maison Blanche »
Mais l’élection présidentielle de novembre, n’est pas seulement la désignation du prochain locataire de la Maison Blanche. Elle revêt une importance capitale pour l’évolution de la société américaine. L’enjeu caché de cette élection est la composition de la Cour suprême. Il est essentiel pour les démocrates et stratégique pour les Républicains.
La cour suprême est le sommet du système judiciaire fédéral américain. Elle est composée de neuf juges nommés à vie par le Président et confirmés par la Sénat. Elle cumule en fait les fonctions d’un Conseil d’Etat, d’une cour de cassation et du Conseil constitutionnel. La cour suprême modèle, par ses décisions, tous les domaines de la vie politique, sociale et économique du pays.
Aujourd’hui, la nomination d’un juge remplaçant le décès d’un membre de la Cour suprême, est en suspend, en attente d’une confirmation d’un Sénat dominé par les Républicains. Compte tenu de l’âge de certains juges, il est vraisemblable qu’un ou deux d’entre eux vont bientôt devoir être remplacés.
Suivant le prochain locataire de la Maison Blanche, et la composition de la Cour suprême qui en découlerai, la société américaine pourrait changer de façon fondamentale. Les acquis politiques et sociaux du New Deal et des années soixante risquent de ne pas être sauvegardés si les Républicain remportent l’élection présidentielle.
C’est la Cour suprême qui a acculé le président Nixon à la démission, qui a validé un des volets de la loi Obamacare sur la santé. C’est encore elle qui va décider de la reconnaissance ou non du mariage homosexuel le 28 avril prochain.
La cour actuelle est composée de conservateurs et de progressistes avec une voix de plus pour ces derniers.
C’est toute la physionomie de la société américaine, de la vie politique, du fonctionnement institutionnel et même des relations internationales des Etats-Unis qui sont en jeu.
La composition de la Cour suprême pourrait accélérer ou freiner les mutations profondes que connaît aujourd’hui l’Amérique. Le WASP, l’américain blanc, anglo-saxon, protestant, est devenu, aujourd’hui, minoritaire dans le pays.